A toi, ma chère amie. Je me rappelle de notre première rencontre, de nos premiers mots. C’était au bord d’un étang où je t’avais offert une glace. Tu étais enceinte de 3 mois et venais de passer la nuit dans ta voiture avec deux de tes enfants car ton mec t’avait jetée dehors au milieu de la nuit.

Notre relation a mis du temps à se tisser. Tu étais méfiante car je t’avais dit que je savais ce que tu vivais dans ta relation et que j’étais là pour toi. Tu m’avais envoyée bouler en me disant que c’était des préjugés. Mais moi aussi j’étais passée par là !
 
J’ai suivi ton combat pour vivre ta grossesse et accoucher à la maison, même si ton bébé était porteur d’une aberration chromosomique qui le condamnait. Tu m’as tellement fait évoluer sur ce sujet. J’en retiens que personne à part la femme, la mère, ne peut décider ce qui est bon pour elle dans cette terrible épreuve de la vie.
 
Créer une relation avec toi m’a pris du temps, jusqu’au jour où nous avons organisé un événement ensemble.
Notre amitié est née. J’ai écouté quand tu rêvais qu’il change. Je t’ai soutenue lors de tes allers-retours quand tu commençais à prendre conscience de son emprise.
 
Des fois, j’ai posé des mots sur ce que tu vivais afin que cela chemine (violence conjugale, emprise, viol) même si j’avais peur que ça soit trop. Je t’ai accompagnée quand tu as commencé à rechercher les parties de toi qu’il avait brisées : ta confiance en toi, ton estime de toi, ton ouverture et ta confiance envers les autres. Puis tu as porté plainte pour protéger de sa violence tes enfants en premier lieu, et toi par la même occasion.
 
Et là s’est ouvert le plus dur des combats : devoir prouver que tu étais sa victime, raconter à des hommes et à plusieurs reprises ce qui s’était passé. Puis a suivi l’attente sans protection pour toi et tes enfants alors que ton émancipation pouvait t’être, vous être, dangereuse.
Là, je me suis mise à douter de moi qui t’avais souvent dit d’aller porter plainte, tellement tu étais mise, par notre système, dans une situation de vulnérabilité intolérable.
 
Ce week-end, tu as chanté/crié ton histoire devant une salle comble et j’ai pleuré.
Tu es une badasse, une panthère, une louve, ta puissance me porte. Merci d’être mon amie et de me faire grandir.