15-ans-côtés-doual-loir-et-cher
 
 Il y a quinze ans la semaine dernière, pour la première fois, je te découvrais. Tu me fixais de ton regard intense qui se grava à jamais en moi. Nous sommes rencontrées, découvertes, apprivoisées. J’avais le sentiment que nous nous connaissions depuis toujours et que je lisais facilement tes besoins. Mais aussi chaque jour, je te découvrais et j’apprenais à répondre à tes besoins.
 
 
 
Nous avons cheminé toutes ces années ensemble. J’étais à tes yeux la plus belle, la plus forte, le centre du monde. Tu m’inondais de ton amour, cela me donnait une telle puissance. J’adorais te voir acquérir de plus en plus d’autonomie et aller découvrir le monde.

Ta présence appuyait de façon brute, parfois violente sur mes zones d’ombre. Cela faisait naître en moi des mécanismes de protection tels que le repli, la fuite et parfois la violence et notre relation pouvait être conflictuelle.

Puis l’adolescence est arrivée, tu as mis une grande distance entre nous. Tu as revêtu un masque qui attaquait de peur de l’être.En un claquement de cil, je suis devenue une personne insignifiante, fade, nulle et à côté de la plaque, et en prime la source de tous tes problème.

La gestion de la frustration et des émotions est devenue très compliquée et a fait naître une grande violence en toi. Celle-ci est devenue ta façon de t’expliquer face à moi qui t’arrête dans ta soif de découverte. Tes assauts de violence viennent encore une fois en résonance avec celle de mon enfance, qui ravive mes blessures.
Je dois apprendre peu à peu à ne plus répondre à tous tes besoins au détriment des miens, à te contenir par le cadre plutôt qu’avec les bras et à trouver des stratégies d’amour à distance même si tu balaies tout de la main.

Merci à toi, ma fille, de me faire grandir, même si parfois, j’aimerais que ça soit dans la douceur.