La parentalité de l’adolescence est un moment d’ajustement constant.
Jusqu’à maintenant, lorsque ma fille désirait passer la nuit chez des ami.e.s, je lui demandais le numéro d’un adulte.
C’était important pour moi. Au cas où elle ait un problème, je voulais en être informée rapidement.
Je voulais également que les parents et les jeunes aient conscience de ma présence dans sa vie. On ne pouvait pas lui faire « n’importe quoi » comme l’agresser psychologiquement ou sexuellement.
Depuis un an environ, c’est devenu plus difficile à obtenir. Ses amis se faisaient passer pour les parents ou bien elle partait sans rien me laisser.
J’ai quand même tenu cette règle et j’arrivais le plus souvent à déjouer les ruses.
J’ai régulièrement fait le point avec moi-même pour savoir si cela me semblait toujours d’actualité.
Ces dernières semaines, je sentais que c’était un peu moins le cas. Je me disais que je pouvais avoir le numéro de ses amis eux-mêmes, qu’ils étaient maintenant majeurs pour la plupart, et qu’au niveau agressions, partir sans mon autorisation était plus dangereux.
Cela créait d’autre part de grosses tensions, des mensonges et notre confiance mutuelle en sortait abîmée.
T. m’a proposé de me donner le numéro de son nouveau petit copain et de mettre la localisation de son téléphone sur le mien.
Je lui ai dit que j’avais aussi besoin du numéro de l’ami chez qui était organisée la soirée et de l’adresse.
Cela n’a pas été facile à obtenir ni la laisser partir sans la garantie que les informations qu’elles m’avaient données étaient les bonnes et que la localisation resterait active.
Je suis contente d’avoir fait ce nouveau pas vers elle. J’ai décidé de lui faire confiance et j’ai pu être sereine.
Comme m’a dit très justement une amie : « Même si elle te ment au début, quand elle verra que tu lui fais confiance, elle arrêtera ».
Le test a été concluant, elle était bien à l’adresse donnée à un numéro près et elle répondait à mes messages. Suite au prochain challenge !
Photo : Benoît Bizet