Voici une semaine que je suis rentrée de quatre jours à Nice. C’est la région où je suis née et où j’ai vécu jusqu’à mes 17 ans. Et pourtant, cela faisait bientôt huit ans que je n’y étais pas allée.
Ces derniers mois, je commençais à avoir envie d’y retourner. Je rêvais de me poser sur la plage de galets en face du vieux Nice et d’y regarder la mer en mangeant de la socca.
Mais je n’arrivais pas à passer le cap, mon rapport à cette région est tumultueux. J’y ai vécu des blessures qui ne cicatriseront jamais, des histoires d’amitiés, d’amours qui m’ont donné l’amour de la vie. Tout cela a forgé la personne que je suis maintenant et j’en remercie la vie. C’est ainsi que chaque instant dans cette ville me rappelle à tous ces souvenirs.
Ce qui m’a poussé à franchir le pas est que l’on m’a proposé avec insistance d’y faciliter une tente rouge. Je me suis dis que si la vie me faisait cette proposition, c’est que c’était le moment même si l’appréhension et la peur étaient très fortes.
Je suis contente d’avoir pris les devants et d’avoir demandé à une magnifique doula de m’accompagner dans ce moment d’immersion dans mon passé. Elle m’attendait sur le quai de la gare, m’a enveloppée de sa présence et soutenue par téléphone.
Comme par instinct, mon corps a été attiré par la mer et pendant quelques heures le temps s’est arrêté. Il n’y avait plus que la musique des vagues, le bleu de la Méditerranée à perte de vue et l’odeur du sel.
Je comprends pourquoi adolescente, je passais tellement de temps seule sur cette plage les yeux plongés dans cette infinité. Cela me calme, m’apaise, me ressource.
Comme prévu, ces quatre jours ont été intenses entre joie, vie, tristesse et mort. Au début, j’étais heureuse et reconnaissante en la vie de voir à quel point j’étais bien ancrée. Puis le passé m’a rattrapée, j’ai beaucoup pleuré, j’ai cru chavirer. Je suis là, bien vivante.