[TW : agression sexuelle]
Au moment de me dire au revoir, j’ai compris qu’il allait me prendre dans les bras. J’ai juste eu le temps de dire : « ma fille pourrait nous voir ». C’est la première phrase qui m’est passée par la tête pour l’arrêter mais cela n’a pas fonctionné.
Il m’a prise dans ses bras, ses mains me touchaient, il frottait son s*xe contre moi, il essayait de m’embrasser. En quelques secondes, il était allongé sur moi, j’ai senti mon corps complètement sidéré, j’ai senti la dissociation arriver, je me suis dit que si je ne faisais rien maintenant, je ne pourrais plus rien faire.
Cette vision a créé une pulsion de vie et j’ai dit « STOP » plusieurs fois, il s’est arrêté.
J’ai eu du mal à revenir pleinement à moi, j’ai eu besoin de sortir marcher dans le froid. Je me sentais à côté de mon corps, dans un épais brouillard. Lui me suivait, il continuait à me toucher comme si mon corps était devenu un objet. J’ai réussi à lui dire : « arrête de me toucher ».
Je lui ai demandé de partir, je lui ai dit que je ne voulais pas qu’il revienne pendant la nuit. J’avais besoin de poser cela. Dans la soirée, je lui avais déjà dit que je ne voulais pas de relation amoureuse.
Outre le fait que cela me plonge dans un état de stress post-traumatique, le plus dur a été la culpabilité que j’ai ressentie même si je savais intellectuellement que ce n’était pas ma faute, que je n’avais rien fait, elle était là. Je réussissais presque à penser que c’était moi qui avait mis cet homme dans cette situation. Je lui trouvais même des excuses. J’étais en colère de penser cela, ça n’avait pas de sens, je n’avais rien fait de plus que d’accepter qu’il passe chez moi mais ce sentiment était plus fort que moi. La séance repassait en boucle dans ma tête. J’analysais tous les mécanismes : la sidération, la dissociation, et aussi la culpabilité favorisée par cette société patriarcale et la culture du viol associée.
Puis un déclic m’a permis de sortir de tous ces tourbillons de sentiments. Cet homme ne m’avait pas demandé mon consentement !
Le premier jour de l’année 2025, j’ai été agressée sexuellement.
Photo : Engin Akyurt – Unsplash